Ce samedi 30 septembre, les Sénégalais musulmans fêteront la Tamkharit, 10e jour de l’année dans le calendrier musulman. Une célébration qui mêle religion et tradition, et dans laquelle le folklore fait partie intégrante de la fête. Couscous partagé, prières, enfants déguisés, chants et danses se succèdent tout au long de cette journée placée sous le signe du partage et de la solidarité. Un patrimoine riche qui se perpétue de génération en génération.
Les origines de l’Achoura
Le nom “Achoura” viendrait du nombre 10, qui se dit asharah en arabe. Cette fête musulmane, appelée Tamkharit au Sénégal, correspond ainsi au dixième jour du mois de Muharram, le premier mois du calendrier islamique.
L’Achoura a été instituée par Mahomet après son arrivée à l’oasis de Yathrib en 622. Ce jour-là, le prophète aurait rencontré trois tribus juives célébrant Yom Kippour. Une cérémonie au cours de laquelle les membres jeûnaient et s’abstenaient de travailler pour commémorer des épisodes de l’Exode conduit par Moise. Mahomet s’inspira de cette pratique, qu’il trouvait juste, pour créer à son tour une période de jeûne de deux jours censée expier les pêchés commis au cours de l’année.
Traditionnellement, l’Achoura est l’occasion de deux jours de jeûne et un moment propice au recueillement et à la prière. Il est conseillé de jeûner le jour-même ainsi qu’un jour auparavant afin d’expier tous ces péchés de l’année précédente. Mais en réalité et au fil des ans, cette pratique est plutôt devenue facultative.
Partage et générosité au cœur de la célébration
Pour certains, et la grande majorité d’ailleurs, la Tamkharit, est surtout un jour de festin. La nourriture est abondante afin d’encourager le partage et la générosité envers la famille, les parents, les déshérités, les orphelins,… Aspect très important de la journée : la préparation du “céré bassi “. Un plat à base de couscous de mil enrichi de petites boulettes de viande, de raisins secs, de haricots blancs… avec une sauce tomate à la viande. Les bœufs tués dans les quartiers ont été auparavant répartis équitablement entre les familles. Interdiction de ne plus avoir faim ou de refuser de manger un plat ce jour là ! Durant ce festin, il faut manger en quantité, voire se gaver. Selon la coutume, celui qui ne s’est pas rassasié en cette occasion ne le sera jamais pour le restant de la nouvelle année. Gourmands et gros mangeur, c’est votre jour ! Toujours dans cette optique de partage, les familles n’oublient bien sûr jamais d’aller distribuer une part à leurs voisins et amis.
Folklore et tradition sont étroitement liés au spirituel lors de la fête du Tamkharit. La manifestation revêt un caractère très culturel. Les chants, danses et percussions font partie intégrante de la fête.
Le tadjaboon, le carnaval à la sénégalaise
En plus du côté religieux, c’est aussi l’occasion du tadjaboon, un carnaval au cours duquel les garçons se déguisent pendant la nuit en filles, et vice-versa. Un grand moment d’évasion et de rire assuré, dans une ambiance bon enfant ! Chacun est maquillé, l’un avec du khôl autour des yeux, l’autre avec une fausse barbe, tandis que certains encore portent un masque. Ainsi affublés, les tambours et ustensiles de cuisine à la main, ils vont de porte à porte en chantant des paroles ou il est question de devoirs à acquitter (tels que la prière ou l’aumône), accompagnés de leurs tamtams. Là encore, la tradition africaine et la religion sont étroitement liées. Les petits groupes bigarrés font le tour des maisons pour réclamer des étrennes : ils reçoivent en retour argent ou denrées alimentaires. En échangeant leur apparence, ils prennent ainsi la place de l’autre, l’occasion pendant l’espace d’une soirée, aussi rapide cela soit-il, de mieux comprendre le sexe opposé.
Ce jour là, les enfants reçoivent également de nouveaux vêtements, bonbons et de nombreux autres présents.
Le lendemain, la matinée est consacrée aux prières dans les mosquées et dans les maisons. Les versets prononcés sont destinés à chasser le mauvais sort, implorer le pardon mais aussi assurer longévité aux croyants.