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Les victimes réclament justice, 15 ans après la tragédie du Joola

15 ans après le naufrage du Joola au large de la Gambie lors d’une traversée entre Ziguinchor et Dakar, les familles des victimes se sont réunis à Dakar et en Casamance pour commémorer ce triste souvenir, mais surtout réclamer justice. La catastrophe, la plus terrible de l’histoire de la navigation depuis la Seconde guerre mondiale, avait fait 1 900 morts (ou disparus) dans la nuit du 26 septembre 2002. L’affaire a été classée sans suite au Sénégal.

Une dizaine de survivants et proches de victimes étaient réunis mardi 26 septembre 2017, 15 ans jour pour jour après le naufrage du ferry sénégalais le Joola au large de la Gambie, à Mbao (grande banlieue de Dakar) dans une forêt ou 139 victimes y sont enterrées, quasi-toutes sous des pierres tombales anonymes faute de plus d’informations… Une cérémonie de commémoration avait également lieu à Ziguinchor le même jour, la majorité des victimes étant originaires de Casamance (le ferry partant de la région). Des membres du gouvernement tel que le ministre des Forces armée, Augustin Tine, ou encore le ministre de la culture, Abdou Latif Coulibaly étaient présents pour se recueillir. A cette occasion, ce dernier a d’ailleurs annoncé la construction d’un mémorial dédié aux victimes. Les familles des victimes réclament également une loi instituant le 26 septembre comme “journée des patriotes ou du souvenir”.

Après tant d’années, la douleur reste toujours vive pour les familles et amis. La perte est d’autant plus lourde à porter qu’elle a été renforcée en 2003 par la décision de la justice sénégalaise de classer l’affaire, cela alors même que les responsables restent impunis…

 

Un ferry surchargé

Le ferry le Joola faisait la navette entre la Casamance (Sud du Sénégal) et Dakar. Lors d’une tempête dans la nuit du 26 septembre 2002, le navire chavire. Bilan : officiellement, 1 863 personnes sont tuées ou sont portées disparues. Les associations des victimes, estiment elles, que les pertes humaines s’élèvent à 2 000 vies. Seuls 64 passagers survivront…Il s’agit de la catastrophe la plus terrible de l’histoire de la navigation depuis la Seconde guerre mondiale.

Les causes précises du naufrage n’ont jamais été éludées officiellement. Mauvais temps, moteurs défaillants,… Une chose est néanmoins certaine, le navire était surchargé. Le ferry avait une capacité d’embarquement de 536 passagers. Or, le soir 26 septembre 2002, cette capacité était quatre fois supérieure à l’autorisation… Le ferry était loin d’être en état de naviguer donc. L’intervention tardive des premiers secours du fait d’un mauvais équipement n’a fait qu’aggraver la situation.

Une affaire classée et  des victimes ignorées

Le drame du Joola a été classé sans suite par la justice sénégalaise en 2003. Celle-ci a conclu à la seule responsabilité du commandant de bord, décédé lors du naufrage. Une décision qui ne convainc pas les familles des victimes qui réclament toujours que la lumière soit faite sur le déroulé de cette nuit, notamment en demandant le renflouement du navire.

Idrassa Diallo, président du collectif des victimes du naufrage,  va même plus loin : il confiait à l’AFP que selon lui « la justice sénégalaise n’a jamais ouvert d’enquête sérieuse».

Autre coup dur pour les victimes, le non-lieu prononcé par la cour d’appel de Paris en 2016. Celui-ci a en effet mit fin à l’instruction alors en cours pour « homicides involontaires pour violation délibérée des règles de prudence ou de sécurité ». La cour d’appel de Paris avait été saisie par l’association représentant les dix-huit victimes françaises du Joola. A l’issu de cette décision de justice, Alain Verschatse, son président, avait ainsi déclaré : «La justice française ne nous a pas aidé, nous avons eu du mal à faire émerger les responsabilités ».

Un sentiment d’abandon partagé par toutes les familles de victimes. Mais peut être plus particulièrement encore chez celles des 107 morts ou disparus originaires de Guinée-Bissau. De nombreux commerçants en provenant de ce pays utilisaient ce ferry pour faire leur ravitaillement à Dakar, un moyen de ne pas passer par les routes et donc d’éviter sollicitations des policiers et obstacles divers. Depuis, certaines familles ont baissé les bras, d’autres, n’ayant jamais vu les cadavres continuent de réclamer justice. Mais toutes se disent livrées à elles-mêmes. Les autorités de Guinée-Bissau n’ont en effet fait aucun geste à leur égard.  Même l’association des victimes du Sénégal ne les a pas pris en compte dans leurs revendications…

Mais 15 ans après, la surcharge et le non-respect des règles est plus que jamais d’actualité : il n’y a qu’à voir, les cars rapides sont bondés à craquer, les pirogues toujours remplies au maximum,… La leçon de cette tragédie aura malheureusement été bien vite oubliée…

 

A propos Clémence Cluzel

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