Nouvelles de Dakar Le magazine des Dakarois
À Dakar et dans tout le Sénégal, Bboy Abdallah transmet son amour pour la danse aux populations. Un moyen d’éduquer les plus jeunes et d’apprendre aux adultes la reconnaissance de l’art comme facteur de développement.
Influencé depuis toujours par son grand frère, Bboy Abdallah (Bboy signifie break danseur dans le jargon) a commencé à danser dans les rues du quartier de Grand Yoff, ou plutôt celles du « ghetto », comme il le surnomme. Le break dance c’est ce qui lui a permis de passer outre la délinquance.
Multiple champion de battle nationale et de compétitions régionales en Afrique de l’ouest avec son groupe Punisher Crew, aussi sacré meilleur danseur de la Red Bull BC one deux fois, Bboy Abdallah est un artiste incontournable de la scène sénégalaise.
L’ambassadeur
« On m’appelle “the ambassador” parce que je représente les couleurs de la nation. Je suis un porteur de voix, et j’éduque », relève avec fierté le jeune homme looké à l’américaine. Baroudeur, c’est de ses voyages en Europe de l’ouest qu’il peaufine sa technique en apprenant d’autres styles de danse hip hop et qu’il commence à s’intéresser à la formation de danseurs professionnels et à donner des cours pour les enfants. Il fonde ensuite la compagnie Kaddu, avec ses amis gassirah et ben ji, qui est la première compagnie de danse hip hop au Sénégal.
« En Europe j’ai appris que les parents encouragent leurs enfants à pratiquer les activités artistiques et sportives qu’ils aiment. Au Sénégal, personne ou presque ne prend en considération cela ». Ainsi, aux côtés de l’association Kaay Fecc, il mène des actions en faveur du développement et de la professionnalisation des métiers de la danse. Il arpente le pays de la teranga afin de sensibiliser les populations à l’art, à son art… qui « est un autre moyen d’expression que celui du langage, tout aussi important », souligne-t-il avec insistance.
Ses missions durent généralement quelques semaines, et le jeune homme, désireux de bousculer les préjugés sur les artistes en profite également pour éduquer les enfants, « car si tu te revendiques être un artiste mais que tu n’est pas cultivé, ça ne sert à rien. C’est pourquoi je pousse les jeunes à aller à l’école ».
« L’art c’est le meilleur moyen de diriger les jeunes dans la bonne direction. »
Aux yeux des parents, il véhicule l’art comme étant un facteur de développement utile et nécessaire à la société sénégalaise. « L’art c’est le meilleur moyen de diriger les jeunes dans la bonne direction. Quand on aime quelque chose, on se bat pour, n’est-ce pas ! Être un artiste ce n’est pas seulement avoir du talent, c’est aussi la persévérance dans le travail, le respect ainsi que la soif de savoir ».
Le parcours de Bboy Abdallah a été semé d’embuches à cause de la non reconnaissance des artistes, d’une part par les administrations, d’autres parts par la population elle-même. Au Sénégal, et de manière générale en Afrique, la question du statut des artistes se pose encore avec acuité. De fait, Bboy Abdallah, a lancé Dallah Pro, une structure qui se veut mettre en avant les artistes dans des clips vidéo pour qu’ils soient d’avantage connus.
Venir en aide à la nouvelle génération de danseurs sénégalais, c’est donc le crédo de ce break danseur, aussi très engagé dans la cause environnementale. « Mon inspiration, c’est la nature » confie-t-il. Récemment l’artiste a réalisé une série de vidéos dans lesquelles il démontre la beauté de l’environnement ainsi que la nécessité de le protéger. « Avec le temps, les choses avancent et les mentalités évoluent. Il n’empêche que notre avenir nous appartient à nous, les sénégalais ».
En attendant, Bboy Abdallah compte bien danser à travers le monde, et lui faire découvrir que le hip hop, ça se mélange aussi bien avec l’afro break, que l’afro house, voire même le Mbalax.
