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Modou Fall revêt son "costume" fait de divers déchets plastiques. Photo Nathalie Guironnet / unevieenafrique.com

Modou Fall, figure d’un “Sénégal propre”

Modou Fall a créé l’association “Sénégal Propre” en 2006, et depuis ce jour, il parcourt les rues de Dakar dans le but de sensibiliser les riverains au respect de leur environnement. Sa lutte se tourne principalement vers les emballages plastiques, un réel désastre écologique pour le pays. Le gouvernement sénégalais vient d’ailleurs d’appliquer une loi interdisant l’utilisation des sacs plastiques fins, les “mbouss”.

Modou Fall sensibilise les commerçants de Sandaga sur l'environnement et la propreté de leur pays. Photo Nathalie Guironnet / unevieenafrique.com
Modou Fall sensibilise les commerçants de Sandaga sur l’environnement et la propreté de leur pays. Photo Nathalie Guironnet / unevieenafrique.com

“Dakar est sale. Je veux que les gens changent leur comportement. Le Sénégal nous appartient, c’est à nous de rendre notre pays propre”

Nous avons rencontré Modou Fall dans le quartier de Sandaga, un des quartiers – parmi tant d’autres – dans lequel il essaie de faire passer son message environnemental.

“C’est ici que ça a commencé, à l’époque, j’étais commerçant, je vendais des tissus. J’entendais souvent des d’étrangers qui me disaient “Dakar est vraiment sale”. Cela m’a fait tellement de mal d’entendre ça, mais ils avaient raison. Dakar est sale. Je veux que les gens changent leur comportement. Le Sénégal nous appartient, c’est à nous de rendre propre notre pays”

nous raconte Modou Fall alors qu’il revêt son costume quotidien : un vêtement fait uniquement de sacs plastiques, et un chapeau fait de gobelets jetables qu’il enfonce sur sa tête. Modou se transforme en arbre couvert de déchets. Sa manière à lui de choquer, d’interpeller et de faire passer un message clair. Et pour être sûr que tout le monde le comprenne, le slogan “Non aux sachets plastiques !” est inscrit sur une pancarte qu’il porte autour du cou.

Aujourd’hui, le travail de ce courageux Dakarois commence à porter ses fruits : les passants s’arrêtent, l’interrogent, lui serrent la main. D’autres vont même jusqu’à se prendre en photo avec lui et le félicitent de son action. Modou est devenu une sorte de star locale. Si au début, certains le dévisageaient et le prenaient pour un fou, aujourd’hui, les commerçants de Sandaga semblent ravis de sa présence : “Bien sûr qu’on veut protéger notre environnement, le travail de Modou, c’est une bonne chose, c’est même nécessaire”, nous confie Di Diouf, un vendeur de chaussures qui a remplacé ses sachets plastiques par des sacs en kraft.

Modou Fall revêt son "costume" fait de divers déchets plastiques. Photo Nathalie Guironnet / unevieenafrique.com
Modou Fall revêt son “costume” fait de divers déchets plastiques. Photo Nathalie Guironnet / unevieenafrique.com

5 millions de sacs plastiques sont jetés par terre chaque jour dans la région de Dakar

Paco Faye, un artiste commerçant, est du même avis : “Les sacs plastiques, c’est pas bon pour la nature. Ici, le problème c’est que tout le monde jette les sachets par terre, ce n’est pas normal.” Les déchets s’accumulent dans la capitale, donnant parfois aux espaces publics des airs de déchetterie. Et pour cause : 5 millions de sacs plastiques sont jetés par terre chaque jour dans la région de Dakar, et les habitants jetteraient environ 250 gobelets plastiques par seconde. Un réel problème que les autorités semblent avoir du mal à gérer, malgré l’interdiction de l’utilisation des sachets plastiques fins. “Les autorités sont censées appliquer la loi, mais en réalité, ils ne font rien. Aucun commerçant n’a encore été arrêté pour avoir utilisé un sachet plastique. Je n’ai jamais vu de policier venir contrôler cela dans les marchés, et les sacs plastiques sont toujours en circulation”, nous explique Modou. Selon lui, les industries plastiques continuent de fabriquer ces sachets plastiques et exercent une forte pression sur le gouvernement, rendant la loi quasi-inapliccable.

Modou livre chaque jour des sacs en kraft à ses clients. Photo Nathalie Guironnet / unevieenafrique.com
Modou livre chaque jour des sacs en kraft à ses clients. Photo Nathalie Guironnet / unevieenafrique.com

Mais Modou ne désespère pas. Avec son chariot ambulant, il livre chaque jour des sacs en kraft à ses clients qui se font de plus en plus nombreux : pharmacies, boulangeries, boutiques de vêtements, supermarchés ou petits commerçants… Marie-Madeleine, qui tient une boutique de mode rue Joseph Gomis, fait partie des fidèles clients de Modou : “C’est un homme très courageux, il m’inspire confiance. Cela fait un an que je lui achète des sacs, depuis que j’ai créé ma boutique. J’ai toujours été anti sac plastique, même avant que la loi ne voie le jour.”

Un bon espoir dans le combat de Modou, qui ne compte pas s’arrêter là et continuera à sensibiliser les Dakarois autant qu’il le faudra, jusqu’à ce que les comportements changent un jour.

A propos Pauline Bouveau

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3 commentaires

  1. bonjour,très bel article. j’aimerais beaucoup avoir les coordonnées de cet homme modou fall pour une interview radio

    • Pauline Bouveau

      Bonjour et merci pour votre retour. Je peux vous envoyer le numéro de téléphone de Modou en privé si vous me donnez une adresse email.

      Bien à vous

      Pauline de Nouvelles de Dakar

  2. Merci beaucoup pour cet article très interessant je vais le partager sur fb

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