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Les enfants de l’Empire : la volonté de retrouver une place dans la société

Les animateurs prennent le temps de divertir les enfants pour détendre l’atmosphère / Photo © C. Cuordifede

« Si je rentre chez moi un jour, je voudrais continuer d’aller à l’école. Et si ce n’est pas possible, j’essayerais de cultiver la terre ».

Après un an de résidence à l’Empire des Enfants, ce sont les premiers mots de Youssoupha au sujet de son avenir. Originaire de Guinée Bissau, le garçonnet est arrivé au Sénégal contre sa volonté. Sans l’autorisation de ses parents, son grand-père l’a forcé à venir étudier le coran dans une daara à Dakar (école coranique) auprès d’un prétendu marabout… La réalité des conditions de vie dans certaines daaras est parfois à des années lumière du simple apprentissage coranique. Les enfants y sont forcés à faire la manche dans les rues de la capitale, d’où le nombre incalculable de mineurs errants. S’ils ne rapportent pas une certaine somme à leur « marabout », alors ils sont battus, parfois même violés. Effrayé et choqué par cette vie de « prisonnier », Youssoupha, âgé de 14 ans aujourd’hui, a décidé de fuir… Il n’arrivait pas à réunir la cotisation journalière de 500 francs CFA demandés par son « marabout ».

Aujourd’hui, Youssoupha a retrouvé une vie « normale ». L’association Empire lui permet d’aller à l’école tous les jours (les enfants qui restent pour une longue période sont scolarisés), de pratiquer plusieurs activités sportives et de développer sa créativité à travers des ateliers d’art, de récupération et d’agriculture responsable. « L’objectif principal de l’Empire c’est la réinsertion sociale des enfants. Nous voulons les ramener auprès de leur famille, explique Alassane Diagne, coordinateur général de l’association. Depuis sa création, en 2003, l’Empire a accueilli près de 2 500 enfants. Nous avons permis le retour en famille de 95% des enfants », ajoute le jeune homme, fier du chemin parcouru.

 « Les enfants des rues veulent, pour certains, raconter leur histoire. Ça leur fait du bien de parler de leur passé », raconte El Hadji Thiernod Gueye, l’animateur responsable des activités théâtre et marionnettes. Il explique : « tous les ans, nous organisons plusieurs spectacles, et nous nous produisons dans des écoles dakaroises afin de sensibiliser les autres enfants aux dangers de la rue. » Une autre façon de comprendre ce que peuvent ressentir les enfants.

Par ailleurs, l’Empire des Enfants, c’est aussi une école de vie. Tous les matins, des cours de coran y sont dispensés par la professeure Fatima. Ensuite, les animateurs prennent le relais, les enfants sont séparés en deux groupes. Les uns font du bricolage, et fabriquent des sacs, des ceintures ou encore des pochettes, pendant que les autres laissent déborder leur créativité à l’atelier dessin. Les petits fabricants de sacs sont récompensés à chaque fois que l’association reçoit des invités, car ils revendent leur marchandise. « La vente des objets permet d’autofinancer l’atelier de récupération. Tout est fabriqué à la ”chaîne”. Les enfants s’entraident et cela créer une certaine cohésion sociale et favorise le partage », se réjouit l’animateur de l’activité.

Dans le même thème, il y a aussi l’atelier agro-écologie qui « permet aux enfants de savoir cultiver la terre, de connaître les animaux et de les sensibiliser à l’environnement », poursuit El Hadji Thiernod. Un atelier qu’il a tenu a développer il y a cinq ans en partant d’un constat : la majeure partie des enfants accueillis par l’Empire sont issus de familles de cultivateurs et très peu auront la chance d’aller à l’école une fois rentrés chez eux. Youssoupha, lui, est le « chef » cet atelier eco-responsable. Tous les soirs, il nourrit les lapins qui se pavanent sur le toit de l’association et les poules aussi. Ensuite, il arrose les cultures d’herbes en tout genre et les plantes.

La totale prise en charge des enfants par l’Empire est en grande partie due aux partenariats de fondations et d’associations comme la Fondation Air France qui a permis le financement des bus utiles au retour en famille (les enfants sont souvent originaires de la sous-région, et le voyage peut durer de très longues heures, voire plusieurs jours), et débloquer des fonds pour la construction de la nouvelle maison qui accueillera l’Empire en 2018.

La semaine dernière, l’emploi du temps des enfants a été quelque peu bousculé. Une association française partenaire, nommée “Echanges et les Rues”, a débarqué dans les locaux de l’Empire. Le dessein ? « Apporter aux enfants et encadrants ce qui leur manque, comme des médicaments, des produits hygiéniques ou encore des jouets… Mais aussi partager nos cultures réciproquement par le biais d’activités ludiques », explique l’une des fondatrices du projet.

Des associations de prise en charge des talibés, il y en a une dizaine sur Dakar. Malgré leurs tentatives de sensibilisation sur les dangers de la rue, l’accueil des enfants puis leur retour en famille, le phénomène ne faiblit pas. « Parfois, des enfants qui étaient chez nous il y a quelque mois, reviennent », confie Alassane Diagne.

A propos Celia Cuordifede

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