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Dakar Fashion Week : les modes africaines à l’honneur!

Depuis 16 ans maintenant, la Dakar Fashion Week investit annuellement la capitale sénégalaise pour mettre en avant les designers talentueux et novateurs du continent africain. Devenu incontournable, le rendez-vous a cette fois encore attiré les amoureux de la mode, acheteurs, amateurs, créateurs et personnalités. Défilés, talks, conférences et soirées se sont succédés du 20 au 24 juin 2018 à Dakar pour des rencontres hautes en couleurs avec pour maîtres mots : beauté, raffinement et talent.

Cette année, une trentaine de créateurs de toute l’Afrique, aussi bien des nouveaux venus dans le secteur que des designers plus aguerris, étaient à l’honneur de la 16ème édition de la Dakar Fashion Week. A l’initiative d’Adama Ndiaye, créatrice de mode sénégalaise plus connue sous le nom de sa marque Adama Paris, cet évènement fait de Dakar le temple de la mode africaine le temps d’une semaine. Un rendez-vous qui a déjà permis de révéler de nombreux talents, créateurs comme mannequins. Une industrie créative prometteuse et en pleine expansion, alimentée par ces personnalités débordantes d’idées, aux horizons variés et cultures très riches.

L’Afrique, la nouvelle mode

Du 20 et 24 juin 2018, la part belle était ainsi donnée aux créatifs du continent. L’occasion d’encourager ceux souhaitant se lancer dans le secteur en leur permettant de nouer des contacts, de se faire aider ou simplement de leur offrir un modèle, preuve que leur rêve est réalisable à force de travail et de courage. Une vision incarnée par le leitmotiv de la manifestation : My africa ! Notre Afrique est si créative.  « Je voulais montrer l’Afrique telle qu’elle est : une Afrique qui ne lâche rien, qui saute les barrières coûte que coûte », raconte la pétillante Adama Paris.

« Le temps de l’Afrique c’est maintenant. C’est le moment de raconter notre histoire, de montrer que le continent regorge de talents »

martèle-t-elle. Une revendication parfaitement relayée par la DFW, meilleur canal de diffusion de cet état d’esprit. Devenue une plateforme respectée par les créateurs, le rendez-vous a gagné en qualité tant artistique qu’en crédibilité au fur et à mesure des éditions. Un bon moyen de diffuser et porter haut ce message. « Les jeunes n’ont plus honte de montrer leur africanité, ils sont fiers de leur origine. Cela passe aussi par la façon dont ils s’habillent, dont ils consomment. De plus en plus, il y a une démarche de mise en avant de ce que le continent possède et peut leur offrir », note-t-elle. Invitée par Adama, une créatrice moldave souligne le potentiel fashion du continent : « Avant de venir, j’avais une vision stéréotypée avec des images de misères etc. Mais là, je découvre une autre facette et cela me donne plein d’idées ! L’Afrique peut être fashion ! », s’enthousiasme-t-elle.

Un marché encore trop dominé par l’Europe

Une image qui change aussi grâce aux plateformes multimédia : les réseaux sociaux contribuent à relier les personnes, facilitent les collaborations, améliorent la visibilité… Bref, ils sont de parfaits outils de promotion ! Sur le continent mais pas seulement. Le made in Africa s’exporte en effet très bien : l’Europe s’inspire beaucoup des pays africains. Cet engouement pour une mode africaine est certes réel mais celle-ci est encore bien trop souvent produite par des non-africains… La faute à une dépendance aux marchés du Nord très importante et à un manque d’aide des dirigeants locaux. Un manque qui ne permet pas d’avoir des structures locales de production en grande quantité. La demande est là mais par absence d’usines ou de matériaux pour produire en nombre, elle n’est pas satisfaite… Une perte considérable pour l’emploi.

Pourtant les marchés locaux existent bel et bien. « Les gens d’ici achètent local. Ils consomment de plus en plus africain car ils commencent à s’affranchir de l’approbation de l’Europe », souligne Adama Paris avant d’ajouter qu’ « on avance mais avec un timing et des challenges différents de l’Europe. Nous avons une temporalité africaine, pas forcément lente, juste différente », argumente-t-elle en riant. Une façon aussi de se libérer, de se décomplexer et d’affirmer ses positions dans un monde globalisé. « Tout ce que l’on a besoin, c’est d’avoir des investisseurs » martèlent les créateurs présents.

Autre souci, la formation. Au Sénégal, point de grandes écoles dans le secteur. En Afrique du Sud, l’offre existe mais de part le coût très élevé de la scolarité, elle exclue d’office tout un large pan de candidats. Des écoles privées proposent quant à elles des formations courtes donc insuffisantes. Reste l’université mais avec des classes surchargées, difficile de s’accrocher… Sans compter que toute ces formations enseignent à partir de patronages européens. La formation dispensée est donc loin d’être adaptée et spécialisée aux besoins du continent.

Les médias, un relai essentiel

Le manque de couverture médiatique contribue aussi à cette problématique. Les médias permettent en effet d’éduquer, de façonner la mode et de mettre en avant les créateurs des pays. Sans cette vitrine, difficile de voir se développer le secteur. Adama l’a bien compris. Lassée des TV qui ne diffusaient que des grosses marques étrangères, elle a lancé depuis quatre ans une chaine TV. Fashion Tv est une chaine 100% africaine, présente dans 46 pays d’Afrique.

Dans cette même optique, la styliste espère lancer prochainement un magazine de mode d’abord au Sénégal avant de développer des éditions sur le continent.

La Dakar Fashion Week, en servant de lieu de convergence des talents africains, permet de promouvoir toutes ces personnalités aux idées novatrices et véhicule l’idée qu’un avenir « sucessful » est possible ici, loin des sirènes de l’étranger. Une idée développée, comme maintenant plusieurs années, dans le talk « Africain dream » prévu en marge des défilés. Un instant pour échanger et écouter le parcours de réussite d’Africains (designers, chefs d’entreprises, musiciens,…) et ainsi offrir des modèles qui leur ressemblent aux jeunes d’ici. Un échange pour donner de l’espoir et les tirer vers le haut.

A propos Clémence Cluzel

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