Nouvelles de Dakar Le magazine des Dakarois
Nouvelles de Dakar a rencontré Pauline, l’une des deux fondatrices de Colibrì, une plateforme de vide-dressing qui allie mode, solidarité et développement durable. Une association qui œuvre à valoriser les engagements citoyens locaux en leur fournissant des moyens financiers pour mener à bien leurs projets. Ou quand la mode devient responsable et utile.
Qu’est ce que Colibrì ? Parle-nous du concept.
Colibrì c’est une plateforme de vide-dressing solidaire qui propose de collecter vêtements et accessoires auprès de particuliers. Nous organisons ensuite des vide-dressings avec le butin récupéré. Tous les fonds récoltés sont remis à des associations préalablement choisies qui œuvrent dans le domaine culturel-artistique, de la mode ou du développement durable. Les recettes de chaque vide-dressing sont reversées à une association différente. Le projet regroupe donc trois volets :
–la mode (notre passion) avec la promotion d’une mode originale, unique et responsable.
–le développement durable avec la récupération et recyclage de vêtements. L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde, tant dans la production de nouvelles pièces que dans la non-réutilisation d’anciens vêtements pourtant toujours portables.
–la solidarité avec le soutien et l’aide aux associations et petites entreprises locales par le financement de projets.
Colibrì c’est donc une plateforme de vide-dressing qui promeut une mode solidaire, originale et responsable. Depuis peu, Colibri est devenue une association française reconnue par la loi.
Comment cette idée est-elle née? Qui en est à l’origine ?
Valentina, (Italienne), et moi, Pauline (Française) nous nous sommes rencontrées lors d’un stage à l’OIM (Office International des Migrations), à Dakar. Venues il y a 3 ans, nous vivons toujours au Sénégal. Actuellement, Valentina est chargée de projet à l’OIM, tandis que je suis chargée en communication pour France Volontaire.
L’idée nous est venue suite au déménagement de Valentina, en mai -juin 2017. On s’est rendu compte qu’on avait vraiment beaucoup de vêtements et surtout que la plupart d’entre eux restaient au fond de l’armoire ! Après ce constat, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire… J’avais toujours voulu monter une association sans jamais avoir l’idée qui pourrait convenir ou alors la motivation suffisante, mais là, c’était le bon moment : nous nous sommes donc lancées dans l’aventure ! Pour l’instant, nous ne sommes que toutes les deux à gérer la plateforme mais heureusement nous pouvons compter sur le soutien de nos amis.
Pourquoi le colibri comme symbole ?
Le colibri est symbole de paix, d’amour et de bonheur. Cet oiseau est aussi un animal sacré qui a une incroyable énergie. Un peu comme nous qui fourmillons d’idée ! et la touche de wax donne le côté africain !
Comment s’organise la collecte de vêtements ? Quelles sont les pièces que vous recherchez?
Les particuliers nous contactent via notre page facebook, par téléphone ou par mail. Il s’agit majoritairement d’expats. Soit nous nous déplaçons, soit les personnes intéressées viennent nous déposer elles-mêmes leurs affaires. Nous stockons tout dans une pièce mise à disposition par une super amie ! Ensuite nous trions les récoltes : cela peut être des vêtements pour femmes, hommes ou enfants ce qui compte c’est l’état général. On essaye de varier le plus possible l’offre, notamment au niveau de la taille, pour que chacun trouve son bonheur mais nous dépendons de ce que les gens veulent bien nous donner. Nous essayons aussi de valoriser les pièces originales et uniques, des pièces qui sortent de l’ordinaire comme par exemple un pantalon patte d’eph’.
Comment les fonds récoltés lors des vide-dressings sont-ils redistribués?
Nous avons lancé un appel à projet pour les prochains vide-dressing afin de choisir les futures associations bénéficiaires. Pour notre premier essai, nous avions sélectionné l’association Hahatay, car nous la connaissions par des amis qui y sont bénévoles. Pour une première, c’était plus facile. Mais par la suite, nous voulons que les associations fassent la démarche elles-mêmes, qu’elles nous contactent et puissent exprimer leurs besoins. Il s’agit vraiment de cibler des associations, ou même des micro-entreprises, locales. Nous avons déjà eu plusieurs retours pour les prochains vide-dressing, on est encore en discussion.
Nous sommes en train de voir pour mettre en place des appuis plus ponctuels pour de petites associations ce qui leur permettrait d’une part d’avoir une meilleure visibilité puisqu’on relaierait leurs actions, et d’autre part une aide financière pour leurs projets.
Vous avez organisé votre 1er vide-dressing le 25 novembre 2017. Raconte-nous comment cela s’est déroulé.
Notre premier évènement a eu lieu en fin d’année dernière. Beaucoup de monde s’est mobilisé, plus que ce qu’on ne l’avait imaginé d’ailleurs. C’est super encourageant et très motivant ! Environ une soixantaine de personnes sont venues au Soleil Café qui nous accueillait pour l’occasion. La plupart étaient des amis mais pas uniquement, certains sont venus par bouche à oreille, d’autres car ils étaient dans le coin,…
Les prix des différents articles se situaient entre 2 000 à 15 000fcfa. Au total, le vide-dressing a rapporté 300 000Fcfa qui ont été reversés dans l’intégralité à l’association Hahatay son risas de Gandiol (au sud de Saint-Louis). Celle-ci a été créée par un Sénégalais revenu au pays après avoir immigré en Espagne. Hahatay entend lutter contre l’émigration en favorisant notamment le développement du village. Les fonds ont ainsi permis d’acheter du matériel pour la construction du centre culturel Aminata. Celui-ci a été inauguré en janvier 2018. Un des membres de l’association était présent le 25 novembre afin d’informer les différents visiteurs sur l’association.
Quels sont les retours vis-à-vis de votre projet ?
Les retours sont très positifs : on a eu beaucoup d’achats lors de la vente. Plusieurs de nos amis nous ont donné pas mal de pièces avant de partir donc nous avons un dressing bien fourni qui servira pour de nouveaux évènements ! Sinon globalement les gens sont très intéressés par le projet, ils nous questionnent, sont curieux,… cela fait plaisir !
Quels sont les projets à venir ?
Nous allons lancer un vide-dressing en ligne d’ici une ou deux semaines. L’idée est de mettre à la vente via notre site 15 à 20 pièces avec pour chacune une fiche détaillée (prix, matière,…). Durant deux semaines, les internautes pourront réserver les pièces qui leur plaisent avant de venir les récupérer. Cela permettra de toucher un plus large public.
Sinon nous sommes également en train d’organiser le prochain vide-dressing qui devrait se tenir en mai-juin. Nous allons mettre plus en avant l’association partenaire avec notamment un stand communication et toujours, comme nous l’avions fait précédemment, un membre local de l’association pour présenter les actions, problématiques et besoins de celle-ci. Dans cette idée de valoriser le local, un tailleur sera présent pour apporter toutes les retouches nécessaires. Un bon moyen de faire connaitre un artisan et en même temps de satisfaire le client ! Nous pensions également faire un défilé qui regrouperait des mannequins de toutes tailles et ethnies puis mettre aux enchères les différentes pièces portées. Et enfin, pour l’animation nous sommes en discussion pour faire venir des graffeurs. Bref on ne manque pas d’idées !
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