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Manifestation à l'UGB de Saint Louis©Dakaractu

Saint Louis : une manifestation étudiante dégénère, un étudiant tué par les forces de l’ordre

Venus pour protester contre le retard de paiement de leurs bourses d’avril, les étudiants de l’université Gaston Berger (UGB) se sont trouvés face aux forces de l’ordre ce mardi 15 mai au matin. Le campus universitaire s’est rapidement transformé en terrain d’affrontement quand les policiers ont fait usage de leur arme. Un étudiant y a perdu la vie tandis que plusieurs blessés sont recensés.

Manifestation à l’UGB de Saint Louis©Dakaractu

Depuis lundi 14 mai, la pression couvait, palpable au sein de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint Louis. La coordination des étudiants de Saint Louis avait décrété 48 heures de grève (de cessation de cours) pour protester contre le non versement des bourses du mois d’avril. Elle dénonçait « le non respect des engagements des autorités universitaires quant au retard de paiement » de lesdites bourses étudiantes. En cause également, les difficultés de nombreux étudiants dont la réception des bourses via la plateforme Wizal.

Chaque année, et cela plusieurs fois durant les semestres, les étudiants boursiers rencontrent de sérieux problèmes concernant les paiements et versements de leurs bourses. Une situation devenue tristement habituelle et qui donne lieu à des manifestations récurrentes dans toutes les grandes villes du pays sans qu’aucune mesure ne soit prise sur la durée pour autant…

Un contexte encore exacerbé par la publication par le recteur de cette université d’excellence, Baydallaye KANE, d’un communiqué signalant que “les journées sans ticket” (dans les restaurants universitaires, les étudiants doivent avoir un ticket pour pouvoir se restaurer) étaient désormais strictement interdites. La note insistait en précisant qu’en cas de refus des étudiants, « toutes les dispositions seraient prises pour sécuriser les restaurants afin de permettre à ceux qui le désiraient de s’y rendre avec leurs tickets ».

Une manifestation qui vire au drame

Les étudiants ont malgré tout reconduit ce type d’opération : faute de bourse, ils se sont présentés pour manger sans ticket. Très tôt ce mardi 15 mai, ils ont ainsi occupé le centre régional des œuvres universitaires (CROUSS) réclamant le paiement de leurs bourses et des conditions d’études « acceptables ». Mais ils se sont heurtés face à un mur. Autorisées à entrer sur le campus social, les forces de l’ordre ont investi le lieu pour tenter de stopper la manifestation.

Fallou Sene, l’étudiant tué lors de la manifestation à l’UGB

L’affrontement a viré au drame. Un étudiant est décédé ce matin après qu’un agent des forces de l’ordre ait fait usage de son arme de service. Selon la RFM, le défunt serait Fallou Sene, étudiant de 25 ans en 2ème année de licence de lettres modernes, mari et père d’un enfant. 20 étudiants ont également été blessés déplore une source estudiantine.

Le secrétaire général du SAES (Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur) à l’UGB, Patrice Corréa a appelé l’Etat à prendre « toutes les dispositions » pour le règlement définitif des revendications des étudiants : « Pour nous c’est juste inadmissible qu’une vie humaine tombe dans un campus universitaire. Le SAES fera son devoir et continuera de défendre tous les corps de l’université » a-t-il affirmé. Déplorant ce décès, il réclame que toute « la lumière soit faite » sur cette affaire.

Le ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, s’est aussi rapidement exprimé sur le sujet : « Nous regrettons ces incidents. Depuis quelques jours, il y avait des difficultés. Il y a une vingtaine de blessés dont 18 gendarmes. Le gouvernement était entrain de prendre les dispositions pour régler le problème. Une enquête sera menée pour situer les responsabilités et les sanctions vont suivre », a-t-il indiqué au micro de la RFM.

Des bâtiments administratifs ont également été saccagés, au sein de l’université (le bâtiment abritant des œuvres universitaires ainsi que le siège du rectorat de l’UGB) mais aussi en dehors puisque la maison du ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Tew Niane, originaire de la région de Saint-Louis, a été caillassée.

Des protestations dans les autres universités du pays

Devant l’université Cheikh Anta Diop, un véhiculé de police incendié le 15 mai 2018©Michel Ba

A l’annonce de la mort de Fallou Sène, les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, de rage et de dépit, sont eux aussi entrés dans la protestation. Les rues aux alentours de l’université étaient vidées en fin d’après midi, jonchées de pierres envoyées comme projectiles sur les forces de l’ordre sécurisant le périmètre. Sur le rond point juste devant l’entrée de l’UCAD (du côté Point E) un véhicule de la gendarmerie brûlé témoigne de la violence des affrontements mais aussi du ras le bol des étudiants.

A Ziguinchor également, les étudiants de l’Université Assane Seck sont sortis dans les rues pour manifester leur mécontentement. La ville de Bambey a elle aussi connu des troubles. Au total, des violences ont éclaté dans quatre des cinq universités publiques du pays.

Selon l’APS, les autorités administratives, sous la supervision du gouverneur de la région de Saint-Louis, sont en réunion de crise pour tenter de trouver une sortie à la situation.

La Ligue sénégalaise des droits humains, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme et Amnesty International Sénégal ont, dans un communiqué commun, « condamné l’usage excessif de la force par les forces de sécurité ». Les trois ONG ont déploré les « retards récurrents dans le paiement des bourses », « principale cause de la violence dans les universités ». Plusieurs syndicats d’enseignants ont quant à eux décrété 48 heures de grève, les 16 et 17 mai, pour montrer leur solidarité avec les étudiants sénégalais.

Cette histoire rappelle celle d’un étudiant de 21ans tué d’une balle dans la tête en 2014, alors qu’il tentait de fuir l’assaut de la police sur le campus de l’UCAD. Avant lui, un autre étudiant avait également été tué en 2001 dans des circonstances similaires.

A propos Clémence Cluzel

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