La capitale est en effervescence depuis quelques jours : la 13ème édition de la Biennale de Dakar vient d’être officiellement lancée ce mercredi 3 mai 2018. Jusqu’au 2 juin, ce rendez-vous de l’art contemporain africain accueillera dans tout Dakar une multitude d’expositions et prestations. Une programmation, riche et variée, qui promet de placer la culture au centre de la vie dakaroise pendant un mois.
Après le thème de Dak’art 2016 inspiré par le poème « La cité dans le jour bleu » de Léopold Sédar Senghor, cette 13ème édition met à l’honneur un autre écrivain, chantre de la négritude. C’est en effet Aimée Césaire et son poème « Et les chiens se taisaient » qui a inspiré la thématique de cette année, « L’heure rouge ». Après le bleu, c’est donc autour de la couleur rouge d’être le fil conducteur.
« Le rouge est parmi l’une des couleurs les plus mystérieuses, les plus polysémiques » détaille Simon Njami, le directeur artistique de la Biennale pour la 2ème fois consécutive (c’était déjà le cas en 2016). Couleur chaleureuse, énergisante et pénétrante, « elle ne laisse pas indifférente. Elle remue les passions, positives comme négatives, et joue sur les paradoxes et sentiments opposés » détaille-t-il encore. Un rouge synonyme également « d’énergie transformatrice » selon Marième Ba, secrétaire générale de l’évènement. Car « L’heure rouge » c’est aussi l’idée d’une transformation et d’une émancipation de l’individu vers l’état d’homme nouveau. Une heure comme une ère nouvelle qui invite à repenser son rapport à autrui et au monde.
Depuis 26 années d’existence, ce rendez-vous de l’art africain contemporain est devenu un incontournable aussi bien à l’échelle du continent que sur la scène internationale. « La Biennale de Dakar est la plus grande manifestation du continent consacrée à l’art contemporain. Elle est aussi, depuis sa création, une très belle vitrine de notre pays, en matière de culture et de créativité » a souligné Abdou Latif Coulibaly, ministre de la culture du Sénégal. L’ambition de la Biennale ? Promouvoir l’art contemporain dans toute sa diversité mais aussi accompagner l’émergence d’un marché de l’art, encore à ses balbutiements sur le continent mais qui ne demande qu’a éclore.
Cette année, la programmation officielle aura lieu dans divers lieux dispersés dans tout Dakar : galeries, musées, places et lieux publics … L’ancien palais de justice a même été réquisitionné pour l’occasion afin d’en faire un Palais des arts. Le budget de l’état a été doublé pour cette édition : 500 millions de FCFA ont ainsi été débloqués pour l’organisation de l’évènement (l’état finance 75% du budget total). Le Rwanda et la Tunisie sont à l’honneur tandis que l’exposition internationale, « une nouvelle humanité » exposera elle les œuvres de 75 artistes venus de 33 pays. Par ailleurs, cinq commissaires internationaux (Maroc, Cameroun, Suède, Hong Kong, Mexique) ont été invités. Et comme à chaque édition, le Grand prix Léopold Sédar Senghor, distinction de référence dans le domaine des arts visuels, sera décerné à un artiste pour l’ensemble de son œuvre.
En marge du IN de la Biennale, le Dak’art OFF est à ne pas manquer. Bien souvent considéré comme le vrai attrait de la biennale de par son offre plus éclectique et moins codifiée que la programmation officielle, l’évènement prévoit plus de 300 manifestations artistiques, totalement autonomes. Un foisonnement parfois décrié d’ailleurs : la multiplicité des options, loin de contribuer à valoriser l’art et les artistes, donnerait l’image de propositions fourre tout, peu qualitatives…
En attendant, il serait dommage de passer à côté de ce rendez-vous avec l’art et de manquer cette occasion de découvrir des artistes locaux comme étrangers. Gardez les yeux ouverts et restez concentrés pour ne pas louper la multitude de propositions !