Impulsé par la recrudescence des accidents de la route au Sénégal, le gouvernement envisage de mettre en place le permis à points dans tout le pays. Dans sa lutte contre les violences routières, il entend sanctionner les mauvais conducteurs mais privilégie avant tout la sensibilisation et la formation des automobilistes, responsables des accidents dans la majeure partie des cas.
Depuis quelques temps, les accidents de la route dans le pays se multiplient. Chaque année, le Sénégal perdrait 500 personnes sur ses routes. Une recrudescence qui inquiète au plus au point et préoccupe le gouvernement. Le ministère des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement évalue le coût de ces accidents à plus de 77 milliards de FCFA par an, soit 1% du Produit intérieur brut (PIB). En 2016, c’est même 606 personnes qui ont péri dans des accidents selon le directeur des transports routiers, Cheikhou Oumar Gaye.
Des facteurs multiples à l’origine de ces accidents
Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation des accidents sur la route. Mansour Elimane Kane, Ministre des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement déclarait à “L’Observateur” que
« 3% des accidents sont dus à l’état des routes, 7% aux véhicules et 90% aux conducteurs ».
Il n’a pas manqué de fustiger les comportements « dangereux et l’indiscipline notoire » de ces derniers. Aux yeux d’Aubin Jules Marcel Sagna, secrétaire général du ministre, les mauvais comportements sur les routes, la somnolence au volant, l’utilisation de substances psychotropes, le défaut de maîtrise, l’indiscipline et le manque de civisme sont les principaux facteurs de ces dégâts humains.
Le président de la Nouvelle prévention routière du Sénégal (Nprs), Ibrahima Gueye, a lui aussi pointé du doigt quelques dysfonctionnements des usagers de la route, notamment des jeunes : « Les jeunes optent souvent pour des comportements plus risqués comme le manque d’utilisation du clignotant. La non-utilisation du rétroviseur, le dépassement à risque ou encore les virages légèrement coupés. De plus, les trottoirs occupés par les commerces ou par les voitures stationnées obligent les piétons à emprunter la route. Tous ces facteurs ont des impacts sérieux sur la bonne marche des routes ». Il invite tout à chacun à un respect « scrupuleux » du code de la route.
« Seule la conscience des uns et des autres peut diminuer les accidents »
martèle le Dr Mor Adj de la Fédération Sénégalaise des Sociétés d’Assurance dans des propos rapportés par Senenews.com. « De nombreux conducteurs ont tendance à considérer les autres voitures comme des machines anonymes et non pas comme des véhicules contenant d’autres êtres humains. Il est primordial de favoriser la cohabitation entre les différents usagers de la route afin que la place publique ne soit plus un lieu de compétition mais un lieu d’harmonie » estime-t-il.
80% des accidents de la route surviennent la nuit et dans le cadre de déplacements interurbains.
Autre responsable de plusieurs accidents : les motos. Souvent impliqués dans de nombreux accidents de la route, les conducteurs de deux-roues conduisent la plupart du temps sans connaître le code de la route. Ou s’en affranchissent très largement ! Et le non-port du casque augmente considérablement le nombre de victimes. Les deux roues sont donc devenues une véritable préoccupation de sécurité et de santé publique.
Mansour Elimane Kane a également dénoncé « la corruption mais aussi la vétusté du parc automobile et l’état des routes. » Cependant selon lui, « 78% des routes sénégalaises sont qualifiées de bonnes à très bonnes ». Chaque année, c’est 60 milliards de Fcfa qui sont mis dans l’entretien des routes (chiffres qui pourraient passer à 92 milliards en 2019).
Des mesures pour lutter contre cette hécatombe sur les routes
Devant les chiffres alarmistes, le Conseil des ministres s’est penché sur la question et est bien déterminé à lutter contre les accidents de la route. Dans cette croisade contre l’insécurité routière, le ministère a appelé les leaders d’opinions, les chefs religieux, les personnalités des arts, de la culture et du sport…à se mobiliser contre ce phénomène meurtrier.
Un plan d’urgence de sécurité routière a ainsi été annoncé en début d’année. Il mise sur le triptyque « sensibilisation-contrôle-sanction » afin d’enrayer cette hausse dramatique. « Il faut sensibiliser dans un premier temps et sanctionner par la suite », a décrété le secrétaire général du département. La formation sera ainsi largement revue, le passage par l’auto-école deviendra notamment obligatoire. Un nouveau code de la route est également en cours de réflexion, il devrait être en service d’ici octobre 2017.
Tout un arsenal de mesures est ainsi prévu : sanctions dissuasives, renforcement des contrôles mixtes (police et gendarmerie), sanctions coercitives, horaires de fermeture des gares routières, plaques sécurisées, dématérialisation des titres,… Dans 6 mois, les policiers devraient désormais pouvoir contrôler les conducteurs directement à partir de leur véhicule.
Quand au parc automobile (dont 70% est concentré dans la capitale), il devrait être renouvelé pour les gros porteurs, les taxis et les interurbains. Avec ces nouvelles dispositions, le gouvernement ambitionne de révolutionner l’automobile au Sénégal en mettant fin aux véhicules n’ayant subi aucun contrôle. « Il y a des facteurs aggravants qui sont liés à l’insuffisance dans les mécanismes de contrôle. Pour l’année 2016, 37% des véhicules qui sont passés au contrôle technique ont échoué à l’examen », précise Seydou Guèye, porte-parole du gouvernement. Dans cette optique, l’État est en train de travailler à l’ouverture d’antennes régionales de centres de contrôle technique pour le premier semestre de l’année prochaine.
La mesure phare pour lutter contre l’insécurité routière : le permis à points
Depuis presque 1 an, une série de réflexions est en cours pour renforcer les mesures de sécurité routière. Et parmi celles-ci, l’État compte bien instaurer le permis à points dans tout le pays, le plus rapidement possible. Fin décembre 2016, le directeur des transports routiers, Cheikh Oumar Gaye, annonçait ainsi l’introduction du permis à points et de la généralisation des centres de contrôle technique des véhicules dans les régions au premier semestre 2017.
« Les documents pour la mise en œuvre du permis à points sont déjà élaborés. Ce qui reste à faire c’est d’aller partager avec les acteurs pour un engagement de tous les citoyens » a ajouté le directeur des transports routiers à l’APS. Il a en outre précisé que le permis ne concernerait l’ensemble des automobilistes et usagers de la route. Il devrait comporter 24 points dont 12 probatoires.
«Le permis à points est un élément dissuasif très important. Dans tous les pays où le permis à points est mis en œuvre, le nombre d’accidents s’est réduit de 50% »,
a fait valoir le ministre, soutenant que le gouvernement travaille aussi à réglementer les transports interurbains. Il a également assuré que le coût du projet était financé à hauteur de plus de 9 milliards FCfa par le secteur privé.
Les réactions à cette annonce sont mitigées. D’un côté, on salue l’initiative. Mais de l’autre, le scepticisme l’emporte . Gora Khouma, secrétaire général du Syndicat des transporteurs, est «contre la mise en place du permis à points ; cela favorisera la corruption », a-t-il expliqué à Dakar7. D’après lui, il faut d’abord miser sur les agents de circulation et sur les vidéos de surveillance des grandes artères, un premier pas pour corriger les mauvais comportements des conducteurs.
Reste maintenant à savoir si ces mesures seront bien appliquées et intégrées par les Sénégalais…
le jour ou il y aura un VRAI controle technique et non pas un simple cout de tampon sur la carte grise, alors là il yaura certainement moins de véhicules cause d’accidents