Les charges pesant contre lui sont lourdes. Cheikh Tidiane Gadio, ministre sénégalais des affaires étrangères de 2002 à 2009 sous Abdoulaye Wade et candidat aux élections présidentielles de 2012, a été inculpé lundi 20 novembre par la justice américaine. Les enquêteurs américains le soupçonnent d’être partie prenante dans une affaire de corruption impliquant de hauts dirigeants africains. L’affaire fait grand bruit au Sénégal.
Arrêté vendredi 17 novembre à New-York par les autorités judiciaires américaines, l’ancien ministre, fondateur du forum pour la paix et la sécurité, est depuis plusieurs jours dans de sales draps. Cheikh Tidiane Gadio, ainsi que Chi Ping Patric Ho, PDG du conglomérat chinois CEFC China Energy, ont en effet été arrêtés après qu’une enquête préliminaire ait été menée par plusieurs services fédéraux, dont le FBI. Présentés à un magistrat, les deux hommes ont été inculpés ce lundi 20 novembre pour de lourdes charges. Ils risquent jusqu’à 20 ans de prison.
Corruption et blanchiment
Ce que la justice américaine leur reproche ? Les deux associés, sont soupçonnés de corruption et d’entente en vue de commettre des actes de blanchiment international. Pendant plusieurs années, ils auraient en effet versés des pots de vins à des responsables politiques tchadiens et ougandais, contre l’obtention de concessions pétrolières au profit du conglomérat chinois, CEFC China Energy. Cette entreprise, basée à Shanghai, travaille dans le domaine de l’énergie et elle est dirigée par Chi Ping Patrick Ho. L’affaire remontrait à octobre 2014 à New York.
Cheikh Tidiane Gadio, en raison de ses relations notamment avec le président tchadien Idriss Déby Itno, aurait eu un rôle de lobbyiste auprès de ce dernier. Récupérant personnellement au passage une somme de 400 000 dollars, versée via sa société de conseil, l’ancien ministre de Wade est soupçonné d’avoir facilité l’octroi de concessions et de marchés au profit du conglomérat chinois en évitant tout appel d’offres. Les pots de vin versés aux hauts dirigeants l’auraient été via l’ONG China Energy Fund, association financée par la société de Chi Ping Patrick Ho, ex- secrétaire des affaires intérieures du gouvernement hongkongais entre 2002 et 2007, au titre de mécénat pour des causes caritatives.
Une deuxième affaire implique l’homme d’affaire chinois et met cette fois en cause le ministre des affaires étrangères ougandais, Sam Ketusa. Le président ougandais, Yoweri Museveni, est lui aussi évoqué: il aurait fermé les yeux en échange de retombées le concernant. Un demi million de dollars serait cette fois ci en cause contre l’octroi de contrats pétroliers.
Démentis et indignation
Suite à l’interpellation de son dirigeant, la CEFC China Energy a publié dans la nuit de mardi à mercredi un farouche démenti. Celui-ci réaffirmait le China Energy Fund était « une ONG visant à promouvoir les échanges de coopération énergétique » et surtout que « ce fond n’était impliqué dans aucune des opérations commerciales de CEFC Energy China ».
Même son de cloché du côté des autorités tchadiennes qui ont exprimé leur « indignation » face à ces « allégations mensongères », parlant même d’ « honteuses affabulations ». Par communiqué de presse de la ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Madeleine Alingué, publié ce jour, mercredi 22 novembre, le gouvernement tchadien a dénoncé ferment un « acharnement » contre le président de la part de la justice américaine ainsi que des « allégations mensongères ». Les relations déjà tendues entre le Tchad et les États-Unis, depuis le décret migratoire de Trump (interdisant aux ressortissants tchadiens d’entrer aux États-Unis) ne risquent pas de s’améliorer avec ce nouveau dossier…