Depuis mercredi 28 février, et jusqu’au 2 mars 2018, le président turc Recep Tayyip Erdogan est au Sénégal pour une rencontre principalement axée sur les intérêts économiques entre les deux pays. Les relations entre le Sénégal et la Turquie, déjà excellentes, ne cessent de s’intensifier depuis quelques années.
Arrivés mercredi 28 février à 23h30 à l’AIBD, le chef de l’état turc, Recep Tayyip Erdogan, son épouse et sa délégation présidentielle ont pu dès leurs premiers pas en terre sénégalaise mesurer les liens unissant les deux pays. Rien n’avait été laissé au hasard. En effet, la construction de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), porte d’entrée pour accéder au pays de la Teranga, a été achevée par le consortium turc Summa-Limak, qui assure également l’exploitation de sa plateforme. Et comble du symbole, Erdogan est le premier président étranger à y atterrir ! Une belle introduction pour cette visite diplomatique de 3 jours, éminemment économique, qui doit voir les relations entre le Sénégal et la Turquie renforcées. La délégation turque affichait clairement le but de ce déplacement : de nombreux hommes d’affaires avaient été conviés par R.T. Erdogan à le suivre jusqu’à Dakar. En outre, les ministres des affaires étrangères, de l’Énergie, de l’Économie, du Commerce, de l’Agriculture et de la Culture et du Tourisme étaient du voyage.
Des partenariats économiques renforcés
Après présentation des membres du gouvernement sénégalais, ce qui n’aura pas manqué de susciter une blague de la part du chef de l’état turc sur leur nombre conséquent, ce dernier a pu visiter ledit aéroport. Le jour suivant, les deux présidents se sont entretenus en tête à tête au Palais présidentiel. En marge de cet échange, une cérémonie de signature de nombreux accords a eu lieu dans les secteurs des hydrocarbures, des mines et du ferroviaire d’après RFI. Le président sénégalais souhaite également augmenter les exportations vers la Turquie afin d’ «atténuer le déficit commercial, nous poursuivons des discussions pour que le Sénégal puisse exporter à terme de l’arachide en Turquie », a-t-il déclaré.
Autre rendez-vous important du programme : le Forum économique sénégalo-turc qui se déroulait au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) et était présidé par Macky Sall et son invité. A l’image de l’AIBD, le CICAD a également été construit par une entreprise turque, une fois n’est pas coutume. Les entreprises turques s’affirment dans le secteur du BTP, à l’image des nombreux chantiers qui sortent de terre à Dakar et ses environs. Les deux délégations ont également visité le chantier, turc évidemment, du futur complexe sportif Dakar Arena et du marché d’intérêt international de Diamniadio.
L’Afrique : la nouvelle stratégie turque
Ce n’est pas une première au Sénégal pour le président turc : R.T. Erdogan était déjà venu en janvier 2013, lorsqu’il n’était alors que Premier ministre. Cette nouvelle visite s’inscrit dans l’intensification notable depuis ces dernières années de la coopération entre le Sénégal et la Turquie. Le pays, 15eme puissance économique mondiale et 6eme en Europe, voit dans l’Afrique, notamment dans le Sénégal, un formidable marché d’avenir et n’hésite pas à encourager ses investisseurs à s’y installer. Et le moins que l’on puisse constater, c’est que la diplomatie turque avance vite et ne cesse de gagner du poids.
Lors de sa visite, Recep Tayyip Erdogan est également revenu sur la fermeture l’an dernier des écoles Yavuz Selim. Preuve du poids grandissant de la Turquie au Sénégal, et à l’image d’autres pays de la sous-région, Ankara avait réussi à obtenir la fermeture de ces écoles d’excellence appartenant au réseau mondial du prédicateur Fetullah Gülen. Celui-ci, ennemi juré d’Erdogan, est accusé par le pouvoir turc d’être à l’origine de la tentative de coup d’état de juillet 2016. Contrairement à l’état qui lui a déroulé le tapis rouge, pour les parents de ces élèves, Erdogan était « persona non grata » au Sénégal.
L’offensive turque en Afrique ne veut rien laisser au hasard : en décembre 2017, Erdogan s’etait rendu au Tchad, au Soudan et en Tunisie avant d’enchainer avec l’Algérie et la Mauritanie ce mercredi pour des contrats de partenariats économiques. La capitale sénégalaise figure en avant-dernière étape de cette tournée africaine de quatre mois, qui prendra fin vendredi au Mali.