A Dakar, les pharmacies ne manquent pas, et pourtant, le marché illicite de médicaments persiste encore et toujours. Dans ces “pharmacies à ciel ouvert”, on trouve toutes sortes de médicaments. On vient acheter un anti-paludéen, un médicament pour l’hypertension ou encore pour les douleurs à l’estomac, sans savoir vraiment la composition réelle de ces derniers, souvent contrefaits.
Dakar est l’une des villes les plus ciblées par ce marché parallèle. Il suffit de se rendre en plein centre ville, avenue Blaise Diagne, pour découvrir l’antre de la vente illicite de médicaments, en plein coeur du marché Petersen : Keur Serigne Bi (la maison du marabout en wolof). Cette maison, offerte aux marchands ambulants par un marabout Mouride (confrérie religieuse au Sénégal), fournit la population en médicaments à des prix imbattables. On y trouve de tout. Dès notre arrivée sur place, un homme nous interpelle : “pourquoi êtes-vous ici ?”. Nous répondons avoir besoin de médicaments, d’antibiotiques plus précisément. On nous propose des boîtes d’amoxicilline. Paracétamol, antipaludéens, antibiotiques, tout est disponible selon le vendeur qui nous affirme que ce sont de vrais médicaments. Certaines personnes viennent même avec une ordonnance et repartent avec leur traitement. Ces “pharmaciens des rues” ne travaillent pour aucune pharmacie et n’ont de pharmacien que le nom, mais ne se gênent pas pour renseigner leurs clients lorsque ces derniers ont besoin d’un conseil de santé.
Ce phénomène est un réel problème de santé publique : l’utilisation de faux médicaments causerait la mort de plus de 200 000 personnes chaque année au Sénégal, sans compter l’exposition aux maladies iatrogènes (insuffisances rénales, cardiopathies, avortements, ulcères…), liées aux effets secondaires de la prise de ces médicaments.
Si le gouvernement a déjà exigé l’interdiction de la vente illicite à Keur Serigne Bi, à ce jour, le commerce prospère toujours.
Un programme de couverture maladie universelle pour les populations les plus vulnérables
Le Sénégal a pourtant un système de santé relativement accessible aux populations dans le besoin. Un programme de couverture maladie universelle a été mis en place en 2013 par le gouvernement, permettant une gratuité des soins en faveur des groupes vulnérables (enfants, personnes âgées, handicapés … ). Grâce à cette mesure, les populations peuvent accéder gratuitement à des soins pour le paludisme, les infections respiratoires, la tuberculose ou même le sida. La césarienne est également gratuite dans toutes les structures publiques de santé au Sénégal.
“Le gouvernement a fait d’énormes efforts sur l’encadrement des médicaments, aussi bien dans le secteur privé que dans le publique : 75 % des médicaments que l’on retrouve en pharmacie sont des génériques, et 74 % d’entre eux ont un prix assez bas : entre 100 et 5000 f CFA, pour le privé. Dans le publique, les médicaments ne dépassent pas 2000 f CFA “,
nous explique le docteur Aboubakrine Sarr, conseiller technique pour le Ministère de la Santé et de l’Action sociale.
“La lutte contre l’utilisation et la vente de faux médicaments doit passer par l’information et l’éducation auprès des populations”, explique le docteur Sarr.