Nous avons rencontré Lamine Sy, à la tête de la plateforme de e-commerce Afrimarket au Sénégal. Ce jeune entrepreneur de 27 ans, sénégalais globe-trotteur, revient pour nous sur le challenge qu’est l’entreprenariat au Sénégal.
Peux-tu nous présenter Afrimarket en quelques mots ?
Afrimarket, au départ c’est un système de “cash-to-goods”, c’est à dire un système qui offre la possibilité à une personne résidant en France par exemple d’envoyer de l’argent à sa famille au Sénégal, et ainsi de permettre à ses proches de ne le dépenser que dans un réseau de distributeurs partenaires. Cela permet de savoir dans quoi est dépensé l’argent que l’on envoie à sa famille. Afrimarket se positionne donc comme un tiers de confiance. Nous avons été les pionniers dans ce modèle en ce qui concerne les transactions de l’Europe vers l’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, Arkimarket a évolué et propose une plateforme de e-commerce permettant d’acheter des produits alimentaires, de l’électroménager, des appareils électroniques ou encore des vêtements.
Comment t’es-tu retrouvé à la tête d’Afrimarket Sénégal ?
J’ai été contacté par les fondateurs d’Afrimarket à Paris, Rania Belkahia et Jeremy Stoss, qui m’ont proposé de faire partie de ce projet au Sénégal. Je travaillais alors dans la finance, mais j’ai toujours été intéressé par le challenge que représente l’entreprenariat. J’ai donc accepté sans hésiter. Par ailleurs, c’était important pour moi de contribuer au développement de mon pays et d’apporter ma pierre à l’édifice.
Peux-tu revenir sur ton parcours ?
Je suis un vrai globe-trotteur. Je suis sénégalais, né à Saint-Louis. Je suis un fils de fonctionnaire donc j’ai vécu dans pas mal de villes : Louga, Matam, Ziguinchor, et Dakar. Je suis passé d’écoles privées en écoles publiques, puis après avoir obtenu le baccalauréat, je suis entré à l’ISM (Institut Supérieur de Management) à Dakar. Au cours de cette formation, j’ai eu l’opportunité de faire un échange à l’ESC de Dijon en 2010.
Je suis un homme de challenge
Pourquoi était-ce important pour toi de revenir travailler au Sénégal ?
Quand j’ai fait mes études en France, j’ai vu qu’il y avait beaucoup d’opportunités professionnelles. Mais je me suis dit qu’au Sénégal, il y avait encore plus à faire, surtout dans le monde du digital. Comme je disais, je pense avant tout au développement de mon pays, donc je suis revenu sans hésiter.
Qu’est-ce que tu aimes dans l’entreprenariat ?
J’aime le fait de piloter une activité, de voir un projet naître et le suivre tout au long de son développement. J’aime énormément relever des défis, je suis un homme de challenge.
Justement, à propos de challenge, ce n’est pas trop difficile d’être à la tête d’une start-up comme Afrimarket en étant si jeune ?
C’est effectivement un vrai challenge, surtout dans un pays comme le Sénégal où il y a un vrai respect de l’âge. Parfois, cela me fait défaut, mais j’arrive à contourner cet aléa. Au niveau du management, j’ai décidé de favoriser un climat social sain, peu hiérarchisé, ou chacun est logé à la même enseigne. C’est quelque chose qui se conforme plus au modèle de la start-up finalement.
En quoi Afrimarket a sa place au Sénégal ?
Sur le plan opérationnel, il y a un vrai potentiel. Au Sénégal, le taux de pénétration des ordinateurs personnels est de 54 %, et de 110 % pour les téléphones portables. Nous sommes donc dans un climat très propice. Cependant, nous avons un vrai travail pédagogique à faire auprès des Sénégalais pour qui l’achat en ligne n’est pas encore un réflexe.
Comment vois-tu Dakar dans 5 ou 10 ans ?
Je vois une ville assez développée sur l’offre culturelle, sur les sorties, les loisirs, etc… Je pense que le développement du digital va avoir un impact sur le quotidien des Dakarois. J’imagine qu’il y aura de plus en plus de services digitaux, comme des chauffeur privés, à l’image d’Africab à Abidjan par exemple.