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10 films à voir sur le Sénégal

“La Pirogue” de Moussa Touré

Depuis Afrique-sur-Seine de Paulin Soumanou Vieyra, premier film sénégalais sorti en 1955, le cinéma sénégalais s’est bien développé. C’est l’un des plus anciens et des plus vivants d’Afrique et même si cette industrie n’est pas aussi importante qu’au Burkina Faso ou au Nigeria, on recense de nombreux films notoires à son actif. Le cinéma au Sénégal est surtout un cinéma engagé, bien ancré dans le réel. Les réalisateurs abordent fréquemment dans leurs longs-métrages des thèmes sociétaux centraux : poids des racines, excision, lenteur de l’administration, colonisation, migration, religion, polygamie… Un bon moyen pour mieux appréhender le pays, sa richesse et sa complexité.

Nouvelles de Dakar vous a sélectionné quelques incontournables du 7e art sénégalais, entre anciennes réalisations et œuvres plus récentes.

  • Tableau Ferraille – Moussa Sène Absa (1997)

Tableau Ferraille

est une fresque amère de la vie dans un quartier périphérique de Dakar. Le protagoniste principal, Daam, revient bardé de diplômes européens à Tableau Ferraille, son village natal, dans l’espoir d’améliorer la vie de ces habitants. Sa première épouse, qui lui apporte soutien et amour ne peut cependant pas lui donner d’enfant. Sous la pression et les conseils de son entourage, Daam va finalement prendre une seconde femme qui lui donnera certes des enfants, mais aussi et surtout pas mal de soucis ! Ce film illustre parfaitement les multiples confrontations entre tradition et modernité.

  • Des Étoiles – Dyana Gaye (2012)

Des Étoiles

narre l’histoire de trois destins croisés : celui de Sophie, d’Abdoulaye et de Thierno. Trois destinées. Trois villes puisque le film se déroule entre New York et Dakar en passant par Turin. Trois histoires de déracinements aussi à travers l’importance des racines, les désillusions ou encore la solitude que l’on ressent lorsque l’on décide de quitter son pays. Le voyage de chacun de ces trois personnages les mènera à faire le choix de la liberté.

 

  • Touki Bouki (Le voyage de la hyène) – Djibril Diop Mambéty (1973)

Touki Bouki

met en scène Mory, un berger venu à Dakar vendre son troupeau, et Anta, une étudiante à l’université. Ensemble, ils rêvent de partir en France, de quitter le Sénégal et l’Afrique.  Et pour ça, ils sont prêts à tout ! Le thème de l’exil, l’envie d’un ailleurs est ici au cœur du film. Cet ovni, qui mélange images fortes et quasi absence de dialogues, a reçu le prix de la critique internationale au Festival de Cannes en 1973.

  • Moolaadé – Ousmane Sembène (2004)

Le cinéaste aborde le thème très sensible de l’excision. Le film relate l’histoire de Collé Ardo, une femme qui a refusé que sa fille unique soit excisée. Apprenant la nouvelle, quatre fillettes qui fuient elles aussi cette pratique, lui demandent l’hospitalité (« le moolaadé »). Dans le village, c’est alors la confrontation entre la tradition et la modernité, entre le « moolaadé », le droit à la protection, et la « salindé », l’excision traditionnelle. Avec « Moolaadé », Sembène a récolté de nombreuses récompenses : prix du meilleur film étranger décerné par la critique américaine, prix Un certain regard à Cannes, prix spécial du jury au festival international de Marrakech entre autres.

  • La Pirogue – Moussa Touré (2012)

La Pirogue

traite du thème, ô combien actuel, de l’immigration clandestine. Des hommes et des femmes quittent le Sénégal à bord de pirogues, depuis un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar. L’objectif ?  L’« eldorado » espagnol et européen que représentent pour eux les îles canaries. Le film illustre magnifiquement cette longue et éprouvante traversée : mer déchainée, solitude, peur, mort, faim et soif…. Pour les plus chanceux, le calvaire prendra fin avec le sauvetage par la Croix-Rouge espagnole. Le film a concouru dans la catégorie Un certain regard du Festival de Cannes 2012  et a obtenu le prix Lumière du meilleur film francophone en 2013.

  • Mossane – Safi Faye (1996)

Pour son premier long-métrage de fiction, la réalisatrice plonge le spectateur dans le quotidien d’une adolescente de 14 ans, Mossane, qui refuse le mariage arrangé par ses parents. L’histoire de Mossane se déroule en pays Serer, à Mbissel, village vieux de six siècles, entre mer et savane, où les coutumes et la vénération des génies dictent la vie des familles. La jeune fille est promise depuis sa naissance à un Sénégalais qui a fait fortune à Paris mais elle voue un amour partagé et chaste à Fara, étudiant désargenté. Célèbre pour ses documentaires, Safi Faye est aussi la première réalisatrice noire africaine.

  • Bois d’Ébène – Moussa Touré (2016)

Dans son dernier film, Moussa Touré suit le parcours de deux jeunes esclaves, de leur village africain aux îles d’Outre-Atlantique. Bois d’ébène met en lumière le gigantesque trafic humain entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique mit en place au 15ème siècle. Un film dont le but est d’explorer en profondeur un système commercial et social complexe qui a dominé l’économie mondiale jusqu’au 19ème siècle, et qui a installé durablement des concepts qui régissent aujourd’hui encore notre système économique: monopole, libre commerce, rentabilité.

  • Karmen Geï – Joseph Gaye Ramaka (2001)

Ce long-métrage dépeint la vie festive des détenues et des gardiennes de la prison de Gorée à travers le personnal principal de Karmen, l’une des détenues. Lors d’une soirée festive, le son des percussions invite la directrice de la prison à danser avec Karmen. Liberée le lendemain, celle-ci disparait pour ne réapparaitre qu’un mois plus tard à Dakar. Karmen séduit alors Lamine Diop, le lieutenant de police, en pleine célébration de son mariage et blesse la future mariée qui tente de s’interposer. Karmen est arrêtée et doit être remise derrière les barreaux par Lamine. Mais rien ne va se passer comme prévu…

  • Madame Brouette – Moussa Sène Absa (2002)

Mati, surnommée « Madame Brouette », quitte son mari, bien décidée à en finir avec les hommes et terminer sa vie seule. Malgré cette volonté d’indépendance, la courageuse sénégalaise ne résistera pas à Naago, un policier moins attentionné et charmant qu’il n’y parait. Moussa Sène Absa dépeint dans ce film qui mêle énigme policière et drame engagé, la condition de la femme en Afrique ou encore la corruption. De belles chansons en Wolof parsèment les différentes scènes (Ours d’Argent de la meilleure musique). Petit bémol : les textes de certains des comédiens, tous amateurs, donnent parfois plus l’impression d’être récités qu’incarnés.

  • Little Sénégal -Rachid Bouchareb (2001)

Passionné par l’histoire de son peuple, Alloune, un vieux guide du musée africain “La Maison des Esclaves” à Gorée, part en pèlerinage pour retrouver les descendants de ses ancêtres aux Etats-Unis. Cet émouvant voyage va le mener des côtes de Caroline du Sud au quartier de Harlem où vit la communauté africaine, Little Senegal. Le film montre le manque de considération de la communauté africaine en Amérique et retrace la quête d’un homme pour retrouver ses racines.

 

 

 

A propos Clémence Cluzel

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