Le lac rose se meurt lentement, et le tourisme de la région de Rufisque avec. Insécurité, constructions anarchiques autour du lac, insalubrité, absence totale de politique de conservation de ce site, pourtant classé patrimoine mondial de l’Unesco,… contribuent à la modification en profondeur de ce lieu très touristique il y a encore quelques années.
A l’heure où les questions liées à l’environnement préoccupent les dirigeants du monde entier, la situation au Sénégal semble être différente, notamment au lac rose où le spectacle est assez triste. Depuis quelques années, le lac rose est en effet laissé à son triste sort. Une situation « déplorable » qui est dénoncée par les acteurs du tourisme de la zone. « Le tableau est accablant : le lac est entrain de rétrécir et on ne fait rien pour stopper ce désastre. Depuis des années, nous attirons l’attention des autorités, mais nous ne sommes pas écoutés. Les arbres plantés autour du lac pour constituer un anneau de sécurité sont coupés. Il y a également une forte activité de construction d’habitats qui se développe anarchiquement autour du lac, les terrains sont vendus par les autorités. Les gens veulent habiter près du lac, au dépend de sa survie. Sans oublier l’extraction du sable, qui n’est pas du tout contrôlée. C’est vraiment grave ce qui se passe ici, toutes ces choses contribuent à dégrader l’environnement du lac et de son bassin versant», s’écrie Amadou Bocoum Diouf, le président d’initiative et du tourisme du lac rose.
Autrefois, le lac s’étendait sur 8 kilomètres de long et 1,5 kilomètre de large. Aujourd’hui, sa superficie n’est plus que de 4,5 km de longueur sur 800 mètres de large environ. Si rien n’est fait, dans une vingtaine d’années, le lac rose risque bien de n’être plus que souvenir.
Absence d’activité
Côté tourisme, le lieu perd peu à peu sa renommée de grand pôle touristique. « Nous avons de moins en moins de touristes depuis que le lac n’abrite plus l’arrivée du Paris-Dakar. Avant on bénéficiait de la publicité qui était faite autour du rallye, et toute l’année les touristes venaient visiter. Depuis on se contente de quelques visites. Rien n’est fait par notre ministère du tourisme. Il n’y a même pas d’éclairage alors que souvent les touristes aiment bien se promener tard. Aucune installation moderne pour renseigner les gens, c’est un site désert. Le tourisme ici se fait de manière archaïque, il n’y a même pas un poste de gardiennage !», explique Monsieur Dia, guide touristique au lac rose. L’urgence est signalée.
« C’est triste que nous ne profitions pas assez de nos atouts. Il faut vraiment une forte mobilisation pour redonner au lac sa notoriété. Nous devons créer des activités périodiques, par exemple un festival ou un concert géant sur le site, ou encore une semaine découverte. C’est l’engagement de tous et les acteurs du secteur doivent particulièrement se mobiliser pour promouvoir ce site, avec l’aide de spécialistes », laisse entendre Ismael Cabral Kambell, chargé de Communication et Relations publiques chez Jumia Travel. « Nous ne devons pas laisser ce site unique mourir, c’est notre devoir de le protéger ».
Les acteurs du tourisme y croient, et entendent bien, face à l’absence d’une oreille attentive, interpeller le secrétariat général de l’Unesco et le centre du patrimoine mondial, le site ayant effectivement été inscrit au patrimoine mondial en 2005.
Article proposé par Marie Josephe (Jumia)