C’est reparti pour le tourisme sénégalais ! D’après le rapport «Hospitality Report Sénégal 2016 » portant sur le secteur de touristique au Sénégal et réalisé par le portail de réservation d’hôtels Jumia Travel, la croissance du secteur devrait être de 5% par an sur les 10 prochaines années. Des pronostiques encourageants, pas toujours notables pour l’heure, qui ne doivent cependant pas faire oublier que de nombreux progrès dans ce secteur sont nécessaires.
Un regain du tourisme
“Aujourd’hui, on constate que la courbe du tourisme repart vers le haut. En 2016, l’industrie touristique a connu un vrai redémarrage. Toutes les projections estiment que le secteur va connaitre une croissance de 5 % chaque année jusqu’en 2026″, a annoncé Guillaume Pépin, directeur pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre chez Jumia Travel lors de la présentation d’un rapport sur l’hôtellerie et le tourisme au Sénégal. “En 2015, le nombre de touristes était estimé à 1 600 000 alors qu’il n’était que de 984 000 en 2014. C’est un vrai redémarrage”, a-t-il ajouté. En 2015, les recettes touristiques sont estimées à 465,9 milliards de Fcfa.
Pour la même année, le secteur des voyages et du tourisme a contribué à l’emploi à hauteur de 200 000 emplois directs, soit à 4,7% de l’emploi total. Et cette tendance devrait encore augmenter de 2,2 % d’ici à 2020. L’industrie touristique représente 6,3 % du PIB du Sénégal. Autant dire qu’elle fait partie des chevaux sur lesquels il faut miser !
D’ailleurs,
« Nous encourageons fortement les étudiants à s’intéresser à la filière du tourisme. Si les chiffres restent en l’état, ce secteur a de beaux jours devant lui. C’est un véritable secteur d’activités d’avenir »,
a ajouté Mr Pépin.
Selon ce rapport, Dakar est la zone touristique la plus fréquentée avec environ 41% des demandes émises. C’est aussi la destination la plus chère avec un coût moyen de la nuitée à 42.000 Fcfa. Viennent ensuite la Petite Côte (35% des demandes) et le Sine Saloum (9%). Les régions du Fleuve (7%) et de la Casamance (4% de la demande) ferment la marche. Toutes les autres régions confondues totalisent 4% des demandes.
Dans l’ensemble, les touristes fréquentent en majorité les hôtels trois étoiles (42%) et les deux étoiles (31%).
Plusieurs facteurs explicatifs
Une croissance importante, notamment due aux nombreux investissements entrepris au sein des infrastructures par le Sénégal. Pour Mouhamed Faouzou Dème, président de l’Observatoire National pour le Développement du Tourisme, “il y a une embellie de la situation du point de vue de la volonté politique“.
Les flux touristiques en direction du Sénégal, et particulièrement vers la Casamance, avaient connu une chute libre ces dernières années (conflits armés, virus Ebola,…). Le gouvernement sénégalais avait alors entrepris la mise en place de mesures pour relancer le tourisme. Pour exemple, une exonération fiscale avait été mise en place en 2015 au profit des promoteurs touristiques de cette région. “La Casamance sort petit à petit de sa réputation de zone de conflit et commence à se renforcer sur le plan touristique”, a souligné le professionnel du secteur.
Le visa, instauré en juillet 2013 pour tout voyage au Sénégal, avait finalement été supprimé à peine 2 ans après. Il était considéré comme étant un frein au développement touristique du pays.
Le regain du secteur doit aussi au renforcement du tourisme local même si 63,8 % des touristes sont encore des voyageurs internationaux (contre 36,2% de voyageurs locaux). Il s’agit avant tout de seniors qui viennent se réchauffer sous le soleil pendant quelques semaines alors qu’en Europe la saison hivernale bat son plein. Le tourisme d’affaires reste majoritaire puisqu’il représente environ 57,2 % des recettes mais celui de loisir représente tout de même 42,8 % des recettes.
Bien que le e-tourisme demeure encore très faible au Sénégal – il représente moins de 20% des activités du secteur– les activités de vente en ligne ne cessent d’augmenter au fil des ans.
Des chiffres contestés
Le secrétaire général du Grand parti (Gp), El Hadj Malick Gackou, conteste fermement les chiffres avancés par le gouvernement sur le tourisme.
“Le département du tourisme, le ministère de l’intérieur et de la Sécurité publique annoncent 1,6 million d’entrées”, a-t-il souligné. Alors que selon lui, “le Sénégal n’a même pas 200 000 touristes par an! Sur les 1,6 million d’entrées, les 80 000 sont des nationaux auxquels il faut ajouter la population des pays limitrophes et des autres de la Cedeao.” Le secrétaire général n’hésite ainsi pas à affirmer que “le tourisme sénégalais agonise”.
Et toujours des défis à relever
Que les chiffres soient bons ou mauvais, il faut surtout garder en tête que des améliorations sont nécessaires afin de rendre le secteur plus attractif et rentable.
Un travail considérable est à faire concernant l’entretien et la rénovation des établissements hôteliers. “La qualité des services reste très négligée par de nombreux hôteliers, ce qui est un gros problème quand on parle de tourisme international. Les consommateurs sont désormais très exigeants, et si on veut attirer plus de touristes il nous faut un label qualité irréprochable. A ce niveau, nous avons un grand retard et devons y travailler“, a commenté le directeur de Jumia Travel Afrique francophone.
L’écotourisme, très prisé ces dernières années, gagnerait à être plus développé, ce qui pourrait contribuer à hisser le Sénégal parmi les destinations les plus appréciées. Autre bête noire, la communication. Le pays est absent dans les grands salons internationaux du tourisme par exemple. Difficile dans ses conditions de faire sa promotion…
La formation est aussi un défi de taille. Malgré la pléthore d’établissements supérieurs au Sénégal, les formations aux métiers touristiques demeurent quasi inexistantes.
«Il faut renforcer la formation. C’est un vrai besoin. Il y a effectivement des écoles qui s’ouvrent mais le projet doit être davantage boosté pour accélérer et renforcer la formation dans les différentes filières du tourisme »,
a préconisé Guillaume Pepin.
Les infrastructures qui sortent de terre ces derniers temps, telles que le nouvel aéroport et l’extension des autoroutes, devraient doper le secteur du tourisme.